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281. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Un fils qu’il avait eu de son second mariage n’avait pas vécu ; mais il avait une fille qu’il aimait tendrement, nommée du nom d’Eugénie, et que tout annonce avoir été charmante. […] Heureux dans mon ménage, heureux par ma charmante fille, heureux par mes anciens amis, je ne demande plus rien aux hommes, ayant rempli tous mes devoirs austères (entendez cet austères, sans trop d’austérité) de fils, d’époux, de père, de frère, d’ami, d’homme enfin, de Français et de bon citoyen ; ce dernier, cet affreux procès m’a fait du moins un bien, en me mettant à même de rétrécir mon cercle, de discerner mes vrais amis de mes frivoles connaissances. […] La pensée de sa famille et de sa fille chérie le soutenait. […] À sa fille et à sa famille, dans les grands moments, il parle trop avec la solennité et l’emphase d’un père de mélodrame ; à ses maîtresses (car il en eut toujours), il écrit sur un ton qui fait reculer d’étonnement les moins scrupuleux et qui condamne ce coin de sa correspondance à ne jamais sortir du tiroir ni du cabinet des curieux ; mais avec ses amis, dans le tous-les-jours, il redevient uniment le gai, le bon et facile Beaumarchais : Je viens de revenir, écrit-il à l’un d’eux (6 juin 1797), dans ma maison du boulevard, dont le séquestre n’était pas levé quand je suis rentré dans Paris. […] Il venait de marier sa fille à « un bon jeune homme », comme il disait, à un homme honorable, plein d’amour pour elle, et qui, à l’heure où nous écrivons, vit encore.

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