Autrement, nous obtiendrions tout de lui, car il est très bon, il a un cœur excellent et nous aime bien ; mais il lui manque le courage d’affronter la mine de maman, même pour une toute petite chose… » — Avec cette personne ultra rigoriste, comme rappelle ailleurs sa fille, véritable excès de perfection chrétienne, qui mettait « une dose inimaginable de sévérité dans tous les détails de la vie domestique », l’existence était intenable. […] L’une était la fille d’un cocher, l’autre d’un tisserand. » Guidés par ces données, M. […] Piergili et autres, en fouillant les archives de Recanati et en interrogeant les souvenirs des plus vieux habitants, sont, arrivés à la conviction que Nérine, la fille du tisserand, se nommait de son vrai nom Maria Belardinelli, qu’elle était née le 15 novembre 1800 et mourut le 13 novembre 1827, et qu’elle était blonde ; que Silvia, la fille du cocher du comte Monaldo, se nommait Teresa Fattorini. — Cela ne nous renseigne guère sur le sentiment qu’éprouva Leopardi pour les deux jeunes filles qu’il a chantées en termes si touchants et si purs : « Quels chœurs de douces pensées et d’espérances ô ma Silvia ! […] À Bologne également, il s’éprit de Marianna Brighenti : fille d’un avocat, lettrée, remarquablement belle, douée d’une voix admirable, Marianna appartenait au théâtre, où sa réputation demeura sans tache. […] Quand ils ont deux faces, ce sont deux faces opposées, qui s’appellent en quelque sorte l’une l’autre : Lucrèce Borgia est courtisane et mère ; Triboulet, dépourvu de tout sentiment humain, adore sa fille ; Ursus, qui affecte la misanthropie, est le plus bienveillant des hommes, etc.