Je ne parle point de ces figures de rhétorique, si chères à quelques pédants modernes, et dont le nom même est devenu si ridicule, que les professeurs les plus sensés les ont entièrement bannies de leurs leçons : il en est pourtant encore qui en font grand cas, et il est assez ordinaire d’interroger sur ce sujet important ceux qui aspirent à la maîtrise ès arts. […] On pourrait conclure de là, que souvent les figures seront nécessaires dans un dictionnaire de langue ; car il est dans les sciences et dans les arts une grande quantité d’objets, même très familiers, dont il est très difficile et souvent presque impossible de donner une définition exacte, sans présenter ces objets aux yeux ; du moins est-il bon de joindre souvent la figure avec la définition, sans quoi la définition sera vague ou difficile à saisir. C’est le cas d’appliquer ici le passage d’Horace : Segniùs irritant animos demissa per aurem, Quam quæ sunt oculis subjecta fidelibus… Rien n’est si puéril que de faire de grands efforts pour expliquer longuement, sans figures, ce qui, avec une figure très simple, n’aurait besoin que d’une courte explication. […] Nous ne parlerons point ici des figures, sur lesquelles tant de rhéteurs ont écrit des volumes : elles servent sans doute à rendre le discours plus animé ; mais si la nature ne les dicte pas, elles sont roides et insipides. […] Tant pis pour tout orateur qui fait avec réflexion et avec dessein une métonymie, une catachrèse, et d’autres figures semblables.