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397. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Ainsi nuancée d’énigmatiques contrastes, cette figure d’ange sensuel attirait le regard sur son mystère, et l’y perdait lentement dans une contemplation rêveuse. […] Il faut s’arrêter encore devant cette figure tracée à l’eau-forte, d’une vérité qui mord et d’une franchise qui entaille. […] J’insiste sur cette figure peinte, par elle-même, dans un cruel monologue, parce qu’elle est d’une vérité poignante, d’une souffrance amère, et que, quoiqu’elle ne fasse que passer dans le drame, elle ne reste pas moins une de ses plus vives impressions. […] C’est une figure toute neuve, au théâtre, que celle de ce comte de Lys, vrai Taciturne du mariage, ni sympathique ni odieux, ni attrayant ni blâmable, abstrait comme le droit, patient comme la force, inexorable comme la justice et tuant, comme elle, dans un cas prévu, à heure fixe, la montre en main, sans émotion et sans colère. […] Mais n’oublions pas une douce figure, modestement reléguée sur le second plan : celle de Marceline, l’amie de la comtesse, une amie dévouée qui raccompagne et la relève, avec des pudeurs d’ange gardien, dans le sentier glissant de sa perdition.

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