/ 2164
396. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

On peut restituer, d’après plusieurs vers du drame et quelques monuments archaïques, les figures grandiosement hideuses sous lesquelles il les fit paraître, comme on recompose, sur des fragments de dents et de griffes, les animaux antédiluviens. […] Qu’on se figure cette cohue de Stryges envahissant la scène, avec leurs cris sauvages, leurs saltations épileptiques, leurs cheveux sifflants, leurs torches livides ; et le grammairien Pollux paraîtra croyable, lorsqu’il raconte qu’à cette entrée formidable, des femmes grosses avortèrent, et que des enfants moururent dans les convulsions. […] Moins irritable que le dieu passionné de Delphes, la sage Déesse s’informe avant de sévir. — « C’est à tous que je parle, à cet étranger assis au pied de ma statue, et à vous qui ne ressemblez a personne, que les dieux n’ont jamais vues parmi les déesses, et qui n’avez point de figure humaine. […] En même temps, il semble qu’on voie une beauté sévère s’étendre sur leurs figures ennoblies. […] La conversion des Érynnies, changées en Euménides, figure, dans un symbole saisissant, le progrès des religions amendées par l’homme.

/ 2164