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1167. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

La renommée de Catherine, impératrice de Russie, et la beauté de sa figure lui donnèrent les illusions de la vanité et de l’amour. […] Qu’on se figure l’embarras de notre voyageur: isolé au milieu de la nuit dans une ville immense, ignorant la langue du pays, ne pouvant ni s’orienter ni se faire entendre, il était devant son guide comme un homme muet. […] Son air brusque, ses traits courts et ramassés, la rudesse de ses mouvements produisaient au premier abord une impression désagréable ; mais, à mesure qu’il parlait, sa figure prenait une teinte plus douce ; elle semblait s’embellir de je ne sais quoi d’aimable et de bienveillant, et l’on voyait peu à peu cette physionomie sombre s’éclairer, si l’on peut s’exprimer ainsi, d’un sourire de bonté qui attirait à lui. […] Dès qu’ils furent seuls, Barasdine lui expliqua l’empressement d’une cour toujours prête à se prosterner devant les idoles passagères de la fortune. « On croit, lui dit-il, que le grand maître a jeté les yeux sur vous pour ébranler le pouvoir d’Orlof et ressaisir la faveur dont il a connu l’espérance ; on ajoute que l’impératrice, en s’éloignant, a loué votre figure. […] Je trouvai dans madame de La Tour une personne d’une figure intéressante, pleine de noblesse et de mélancolie.

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