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1239. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Continuez, et vous verrez des princesses enfermées par une méchante fée qui les fouette et les menace de mort si elles refusent d’épouser son fils, une belle reine condamnée à périr par le feu si des chevaliers qu’on désigne ne viennent pas la délivrer, un prince perfide torturé en punition de ses méfaits, puis jeté du haut d’une pyramide, des combats, des surprises, des enlèvements, des voyages, bref, tout l’attirail des romans les plus romanesques. […] Puis « comme le satyre qui, lorsque Prométhée apporta le feu sur la terre, vint, tout charmé, baiser la flamme, et s’enfuit avec des cris insensés, parmi les bois et les campagnes, sans pouvoir apaiser l’âpre morsure du divin élément298 », il va de pensées en pensées, cherchant un soulagement à sa plaie. […] Avez-vous respiré les boutons sur l’églantier,  Ou le nard dans le feu ?  […] Dans ses beaux yeux luisaient deux lampes vivantes,  — allumées là-haut à la lumière de leur céleste créateur. —  Ils dardaient des rayons de feu — si merveilleusement perçants et lumineux,  — qu’ils éblouissaient les yeux assez hardis pour la regarder. —  Le dieu aveugle avait souvent tenté d’y allumer — ses feux impudiques, mais sans le pouvoir ; — car, avec une majesté imposante et une colère redoutée,  — elle brisait ses dards libertins, et éteignait les vils désirs. […] Son sein de neige était une proie offerte — aux yeux avides qui ne savaient s’en rassasier. —  La langueur de sa douce fatigue y avait laissé — quelques gouttes plus claires que le nectar, qui glissaient — comme de pures perles d’Orient tout le long de son corps ; — et ses beaux yeux, qui de volupté souriaient doucement encore,  — humectaient sans les éteindre les rayons de feu — dont ils perçaient les cœurs fragiles.

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