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744. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Ainsi j’aime la femme, — ainsi j’aime la Muse ! […] Sous une chevelure qui pousse, en l’air, droite, dure et indomptable au fer, qui en la coupant souvent l’a épaissie, un front vaste et carré comme un parallélogramme, d’un lisse de marbre, mais auquel l’Effort a mis son pli rudement marqué entre les deux sourcils, yeux rentrés où le noir du crayon s’allume, joue rigide, regard attentif, la bouche presque amère, tel est l’homme de ce portrait, et c’est le poète aussi, le poète laborieux, violemment laborieux, l’ardent Puritain du Sonnet, cette pauvreté opulente, la pensée cruelle à elle-même comme la femme, la coquette martyre, dont le pied saigne dans le brodequin, dont la hanche bleuit sous la baleine, mais qui se console avec l’adage : il faut souffrir pour être belle ! […] Une femme le suit, — presque folle, — étouffant Dans sa poitrine en feu le sanglot qui la brise. […] Les deux femmes, alors, se croisant sous l’abside, Échangent un coup d’œil aussitôt détourné. […] —  La jeune mère pleure en regardant la bière ; La femme qui pleurait sourit au nouveau-né.

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