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676. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Les héros des poèmes sont frénétiques d’exultation, ou radotent et délirent de douleur, comme les étranges femmes des contes, mystiques, grandes et frêles, ont la ferveur égarée des êtres fragilement nerveux. […] Il est constant que nulle des femmes que Poe a connues longtemps ou pendant quelques jours, n’est reproduite ou exaltée dans ses contes ni dans la plupart de ses poésies. […] D’autres œuvres présentent des hommes et des femmes s’aimant, mais d’une passion si dénaturée, mystique ou démente, qu’elle est nouvelle et surhumaine. […] Dans A Hélen, que Poe adressa à Mme Whitman sur le point de devenir sa femme, la ferveur d’une adoration extasiée s’altère du récit d’une hallucination aussi étrange et cruelle que celle dans Bérénice, écrit treize ans auparavant. […] Wilson, qu’à l’île de Tsalal, les matelots de la Jane Guy trouvent des femmes « obligeantes en toutes choses », que dans Marie Roget, il faille fouiller le dessous d’une femme galante, et dans le Crime de la rue Morgue, entrevoir le cadavre d’une jeune fille brutalement lacérée, pas un mot équivoque, pas une allusion aux réalités de la chair, un rauque éclat de voix ou un afflux de sang ne vient altérer le calme glacial de ces œuvres et de toutes.

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