Rien ne saurait donner une plus juste idée du brusque changement qui se fit d’un règne à l’autre que ces phrases naïves de la mère de François Ier, Louise de Savoie, écrivant en son Journal : « Le 22 septembre 1314, le roi Louis XII, fort antique et débile, sortit de Paris pour aller au-devant de sa jeune femme la reine Marie. » Et quelques lignes plus bas : « Le premier jour de janvier 1515, mon fils fut roi de France. » Son fils, son César pacifique, ou encore son glorieux et triomphant César, subjugateur des Helvétiens, comme elle le nomme tour à tour. […] On sait positivement que c’était là l’usage de la spirituelle Marguerite, femme d’Henri IV. […] Je crois que Dieu les femmes favorise : Car de quatre yeulx qui furent parjurez, Rouges les miens devindrent, sans faintise ; Les siens en sont plus beaulx et azurez. […] Voici encore un sixain délicat, où le doux nenny est aux prises avec le sourire ; nous le donnons ici dans toute sa correction : Le desir est hardy, mais le parler a honte ; Son parler tramble et fuyt, l’aultre en fureur se monte ; L’ung fainct vouloir ung gaing, dont il souhaite perte ; L’ung veult chose cacher que l’aultre fait apperte ; L’ung s’offre et va courant, l’aultre mentant refuse : Voyez la pauvre femme en son esprit confuse. […] Ces deux femmes idolâtrent ce roi de leur sang dont elles sont glorieuses ; elles débordent sitôt qu’elles parlent de lui.