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600. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Et quant à ces trois qui firent une famille de l’imposance d’une dynastie, et qui pouvait devenir une quatrième race, avant celle de Napoléon, on ne savait guères lequel était le plus grand, dans son tourbillon de lumière, de cette panoplie auréolisée de héros. […] L’auteur des Ducs de Guise, qui ne nous donne point la généalogie des Lorraine, parce qu’il ne fait pas l’histoire de la maison de Lorraine, prend tout uniment son histoire du pied de la première illustration de cette famille qui a rayonné au xvie  siècle, et son livre commence, ainsi qu’une biographie, au moment où le premier duc, le duc Claude, sort armé et saignant de ses vingt-deux blessures de la bataille de Marignan, comme un lion de blason yssant du cimier qu’il couronne et qu’il a rougi ! […] Cette ambition, excitée par tous les stimulants de la vie : la gloire, les richesses, l’exubérance de la race, l’intelligence, la beauté, toutes les puissances de la séduction, tous les bonheurs qui enivrent les hommes et toutes les fortunes qui les corrompent ; cette ambition, — qui commença avec Claude, monta avec le duc François et atteignit son zénith avec Henri, pour en être précipitée et briser toute cette immense famille du coup, — ils l’avaient, puisqu’ils étaient des hommes. […] On avait vu l’aristocratie elle-même, dans un délire de générosité, sacrifier ses titres de noblesse et l’héritage de ses enfants sur l’autel de la Patrie, qui l’en paya en brûlant ses châteaux et en égorgeant ses familles. […] Il n’a rien oublié des aveuglements, des férocités, des lâchetés et des ignominies de cette déplorable époque, où il a poursuivi l’anarchie jusque dans le cœur de cette famille royale dont le malheur et l’exil n’ont jamais pu faire un faisceau, et qui se déchirait de ses propres mains.

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