Pourquoi mépriser l’ouvrier dans la rue, la mère de famille dans la chambre d’enfants, le laboureur à la ferme, la touffe d’herbe au bord de la route, le vieux cheval amaigri tirant sa charrette, l’apprenti accomplissant son humble et fruste labeur ? […] Maintenant supposez qu’au lieu de dire : « Fermez cette fenêtre », la mère dise : « Fermez cette fenêtre, parce que l’enfant pourrait avoir froid. » Ne croyez-vous pas que cette fois-ci la servante ressentira comme la mère la nécessité de ce simple fait, qu’elle l’accomplira de tout cœur, qu’elle se sentira même « augmentée » par cette communion en la pensée d’autrui, qu’elle se sentira plus liée à la famille de l’entant, plus joyeuse en un mot d’agir réellement avec cette famille pour un intérêt commun ? […] Nous sentons clairement que le Dieu des chrétiens n’était comme tous les autres qu’un fantôme d’erreur ; et cependant la totalité de notre vie journalière, les moindres actions du monde, tous les faits qui nous environnent, la famille, les affaires, les institutions, le langage, ne sont-ils pas encore pétris de cette conception ruinée, que nous savons mensongère et néfaste, mais que la vie commune retient encore dans son inextricable complexité ?