Cette harangue fut prononcée le 2 janvier 1685 ; et le vendredi 5, à Versailles, on lit dans le journal de Dangeau : Le roi ne fit point les Rois, il soupa en famille à l’ordinaire ; mais, après souper, il fit porter un gâteau chez Mme de Montespan. — Le matin il se fit réciter par Racine la harangue qu’il avait faite à l’Académie le jour de la réception de Bergeret et du jeune Corneille, et les courtisans trouvèrent la harangue aussi belle qu’elle avait été trouvée belle à l’Académie. […] Quelques-unes, plus rarement, prennent un caractère odieux : « Vendredi, 13 septembre 1686, à Versailles. — Le roi a donné à Lostange la confiscation des biens de son frère, qui est en fuite pour la religion5. » Puis, tout à côté, chez Dangeau, et sans qu’il y insiste, on a aussi l’idée des pertes que fait le royaume, et des résistances qu’on trouve en plus d’une âme : « Jeudi, 24 janvier 1686, à Versailles. — On eut nouvelles que du Bordage avait été arrêté auprès de Trelon, entre Sambre et Meuse : il voulait sortir du royaume avec sa famille. […] M. de Ruvigny a permission de se retirer en Angleterre avec sa femme et ses deux fils : « Le roi lui laisse son bien et lui conserve même ses pensions. » Le maréchal de Schomberg eut également permission de se retirer en Portugal « avec madame sa femme et M. le comte Charles son fils ; il conservera, dit Dangeau, son bien et les pensions que Sa Majesté lui donne. » Duquesne, lieutenant général de la mer, eut permission de se retirer en Suisse avec sa famille ; mais, avant d’en pouvoir profiter, il mourut subitement à Paris. […] [NdA] En parlant d’odieux, je rends la première impression que nous fait cette confiscation dont profite un frère ; mais en réalité c’était une moindre injustice de laisser ou de rendre à la famille et aux prochains héritiers les biens dont on dépouillait les membres qui étaient en fuite.