Son auteur, Pierre Loti, — un pseudonyme — issu d’une ancienne famille huguenote, est un officier de la marine française, dont le navire a sillonné bien des fois les deux océans et a fait escale à tous les ports du monde. […] Il se pourrait que son auteur, presque inconnu pendant sa vie, ait après sa mort groupé autour de lui toute une famille d’âmes apparentées à la sienne, et que sa pensée, plus suggestive qu’originale, soit devenue celle d’un grand nombre. […] Elle remplace la famille par l’école, l’éducation par l’instruction, le caractère par le savoir. […] Placé de telle sorte que l’intimité qu’il soutenait avec Scherer et avec sa famille lui permettait de consulter à la fois des souvenirs personnels et des notes manuscrites, et de les joindre à la grande trame des livres publiés en les éclairant l’un par l’autre, nul sans doute n’était mieux qualifié pour accomplir cette résurrection. […] Le Journal d’un égotique, qui date de cette époque, nous fait voir son auteur très retiré du commerce des hommes, engagé très avant dans celui des livres, et goûtant avec délices la plénitude d’une existence intellectuelle réchauffée par les affections de la famille et les joies intimes de la religion.