Qu’on nous accorde la proposition suivante (la chose ne répugne point en elle-même, et plus tard elle se trouve vérifiée par les faits) : du premier état sans loi et sans religion sortirent d’abord un petit nombre d’hommes supérieurs par la force, lesquels fondèrent les familles, et à l’aide de ces mêmes familles commencèrent à cultiver les champs ; la foule des autres hommes en sortit longtemps après en se réfugiant sur les terres cultivées par les premiers pères de famille. […] Supposé que toutes les sociétés aient commencé par le culte d’une divinité quelconque, les pères furent sans doute, dans l’état de famille, les sages en fait de divination, les prêtres qui sacrifiaient pour connaître la volonté du ciel par les auspices, et les rois qui transmettaient les lois divines à leur famille. […] Les familles ne peuvent avoir été nommées d’une manière convenable à leur origine, si l’on n’en fait venir le nom de ces famuli, ou serviteurs des premiers pères de famille. […] Nous trouvons cette origine, comme on le verra d’une manière plus précise, dans la nécessité imposée aux pères de famille par leurs serviteurs. […] Nous démontrerons qu’en supposant les familles composées seulement de fils, et non de serviteurs, cette formation des sociétés a été impossible.