L’homme revient de son premier voyage autour des choses ; l’enthousiasme, le trouble de l’imagination soulevée, le fourmillement tumultueux des idées neuves, toutes les facultés qu’éveille une première découverte se sont contentées, puis affaissées. […] Et le talent des écrivains est propre à la peinture de ces deux groupes : ils ont la grande faculté anglaise, qui est la connaissance du détail précis et des sentiments réels ; ils voient les gestes, les alentours, les habits, ils entendent les sons de voix ; ils osent les montrer ; ils ont hérité bien peu, de bien loin, et malgré eux, mais enfin ils ont hérité de Shakspeare ; ils manient franchement, et sans l’adoucir, le gros rouge cru qui seul peut rendre la figure de leurs brutes. […] Il n’est bien que dans la vie sérieuse et réglée ; il y trouve le canal naturel et le débouché nécessaire de ses facultés et de ses passions.