S’il écrira du tout, s’il écrira en prose ou en vers, cela dépendra d’accidents : peut-être de ce qu’il a eu un maître à chanter… Mais la faculté qui le rend capable de discerner le cœur intérieur des choses et l’harmonie qui habite là, n’est pas le résultat d’habitudes ou d’accidents, mais le don de la Nature elle-même, le premier équipement pour un Homme héroïque de quelque sorte qu’il soit. […] Ce qui les a lancés dans une carrière où leur grandeur a pu se déployer, c’est simplement cet accident : que chacun d’eux est tombé sur une tâche vaste et brillante et asm conforme à la nature de son génie pour y faire converger toutes ses passions et ses facultés. […] Le talent a la force de créer ce qui dépasse la faculté de production, mais non la faculté de perception des autres hommes ; aussi trouve-t-il dès le premier moment des gens pour l’apprécier. L’œuvre du génie dépasse, au contraire, non seulement la faculté de production, mais encore la faculté de perception des autres hommes ; aussi les autres ne le comprennent-ils pas tout d’abord. […] Aussi bien que les génies instinctifs, qui, sous le souffle divin qui les pousse, ressemblent aux forces déchaînées de la nature, les artistes les plus maîtres d’eux-mêmes ont leurs moments d’inspiration, et quelques-uns ont appliqué leurs rares facultés d’analyse à l’étude de ce phénomène, dont le caractère essentiel est l’inconscience.