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238. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Il me semble néanmoins facile de concevoir, malgré nos habitudes contraires, que ce trait, emprunté de la vie commune, est plus propre que la description la plus pathétique à faire ressortir la situation du héros de la pièce, d’un vieux guerrier couvert de gloire, fier de ses droits héréditaires et de son opulence antique, chef naguère de vassaux nombreux, maintenant renfermé dans un dernier asile, et luttant avec quelques amis intrépides et fidèles contre les horreurs de la disette et la vengeance de l’empereur. […] Comme il est beaucoup plus facile de faire effet par de telles ressources que par les situations, les sentiments et les caractères, il serait à craindre, si ces ressources étaient admises, que nous ne vissions bientôt plus sur notre théâtre que des échafauds, des combats, des fêtes, des spectres et des changements de décoration. […] En interdisant à nos poëtes des moyens de succès trop faciles, on les force à tirer un meilleur parti des ressources qui leur restent et qui sont bien supérieures, le développement des caractères, la lutte des passions, la connaissance, en un mot, du cœur humain. […] Son mécontentement contre la nature, qui, en lui donnant une figure hideuse et difforme, semble l’avoir condamné à ne jamais inspirer d’amour ; ses efforts pour vaincre un obstacle qui l’irrite, sa coquetterie avec les femmes, son étonnement de ses succès auprès d’elles, le mépris qu’il conçoit pour des êtres si faciles à séduire, l’ironie avec laquelle il manifeste ce mépris, tout le rend un être particulier.

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