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1140. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

« C’est cependant ce qui est arrivé de la façon la plus singulière. […] J’espérais recevoir une de vos lettres aujourd’hui ; mais les infâmes chemins que le Ciel a destinés à me tourmenter et à me vexer de toute façon ont arrêté le porteur de votre lettre, j’espère, et il n’arrivera que demain matin. […] On sait que Mme de Staël écrivait de lui, pendant leurs excursions et leurs séjours en province : « Le pauvre Schlegel se meurt d’ennui ; Benjamin Constant se tire mieux d’affaire avec les bêtes. » Les bêtes et les sots, il avait appris de bonne heure à en tirer parti et plaisir : cette petite cour de Brunswick lui fournit une ample matière ; mais, à la façon dont il y débute, on voit qu’il n’en était plus depuis longtemps à ses premières armes. […] Benjamin Constant voit beaucoup dès lors une jeune personne (Wilhelmina ou Minna) attachée à la duchesse régnante, et songe sérieusement à l’épouser ; il mêle d’une façon étrange ces espérances nouvelles aux souvenirs de fidélité qu’il prétend garder, et il fait du tout un hommage très-bigarré à Mme de Charrière. […] Comme il faut finir par là, autant vaut-il commencer aussi par là. » Il revient à tout moment sur cette idée du néant des efforts et de la volonté ; il répète de cent façons qu’il n’existe plus.

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