Leurs opinions, modifiées par les circonstances, changent selon qu’ils ont acquis plus ou moins d’expérience par leur contact avec le temps. […] Non, les jugements du premier coup sont des impressions et non des jugements ; autrement il faudrait convenir que l’existence, la réflexion, l’expérience des hommes, sont de vains mots qui n’ont aucune influence, aucun amendement, aucun progrès à nous apporter, et que Dieu, en nous accordant le temps, ce grand révélateur de la vérité en tout genre, ne nous a donné qu’une déception dont nous n’avions aucun besoin pour être plus éclairés et plus sages qu’à notre premier mot dans la vie. Ce serait le blasphème contre la Providence ; la Providence des grands hommes, c’est la vie, c’est la réflexion, c’est l’expérience, c’est le repentir. […] Il ne créait plus, — je n’appelle pas création cette seconde et éternelle partie de Faust, — mais il revenait sur lui-même, il revoyait ses écrits, préparait ses Œuvres complètes, et, dans son retour réfléchi sur son passé qui ne l’empêchait pas d’être attentif à tout ce qui se faisait de remarquable autour de lui et dans les contrées voisines, il épanchait en confidences journalières les trésors de son expérience et de sa sagesse. […] « Puissé-je vous trouver au sein de votre activité paisible ; elle vous mènera un jour par la voie la plus sûre et la plus pure à l’expérience et à la connaissance du monde.