Il n’a donc pas d’autre moyen de réaliser le produit de sa vie intérieure que de l’incarner dans ce qui existe déjà. […] De même que dans l’industrie l’homme ne fait que modifier la nature, tailler, greffer, déplacer, ou grouper ce qui est déjà ; ainsi, dans cet art intermédiaire, il ne fait que modifier l’art qui existe déjà, en tailler des débris, en déplacer des portions, greffer dessus quelques inspirations d’un autre âge ; et il n’arrive, la plupart du temps, qu’à défigurer et amoindrir les œuvres sur lesquelles il travaille, comme l’industrie fait souvent d’un animal généreux un animal timide et sans beauté, ou d’un arbre élancé et vigoureux un arbre rabougri ou monstrueux dans sa forme. […] C’est surtout pour Lamartine qu’il existe un préjugé qui le fait considérer comme un poète chrétien, je dirais presque comme un poète sacré, et qui cache ainsi à la foule séduite le véritable caractère de son œuvre. […] Mais qu’est-ce que le mysticisme seul, le cloître seul, ou plutôt l’écho vaporeux du cloître, quand le cloître même n’existe plus ?