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42. (1842) Discours sur l’esprit positif

En reconnaissant, sous ce double aspect, l’imperfection nécessaire de nos divers moyens spéculatifs, on voit que, loin de pouvoir étudier complètement aucune existence effective, nous ne saurions garantir nullement la possibilité de constater ainsi, même très superficiellement, toutes les existences réelles, dont la majeure partie peut-être doit nous échapper totalement. […] Mais cette sorte de transaction spontanée entre le principe théologique et le principe positif ne comportait, évidemment, qu’une existence passagère, propre à faciliter davantage le déclin continu de l’un et le triomphe graduel de l’autre. […] Personne, sans doute, n’a jamais démontré logiquement la non existence d’Apollon, de Minerve, etc., ni celle des fées orientales ou des diverses créations poétiques ; ce qui n’a nullement empêché l’esprit humain d’abandonner irrévocablement les dogmes antiques, quand ils ont enfin cessé de convenir à l’ensemble de sa situation. […] Quant à la disposition, relative de ces deux études également fondamentales, tous les motifs essentiels, soit scientifiques, soit logiques, concourent à prescrire, dans l’éducation individuelle et dans l’évolution collective, de commencer. par la seconde, dont les phénomènes, plus simples et plus indépendants, à raison de leur généralité supérieure, comportent seuls d’abord une appréciation vraiment positive, tandis que leurs lois, directement relatives à l’existence universelle, exercent ensuite une influence nécessaire sur l’existence spéciale des corps vivants. […] Leur lien fondamental, scientifique et logique, consiste surtout dans la branche la plus complexe de la première, l’étude des phénomènes de composition et de décomposition, les plus éminents de ceux que comporte l’existence universelle, et les plus rapprochés du mode vital proprement dit.

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