Il proclame l’existence nécessaire d’un premier moteur sans lequel le mouvement ne pourrait se produire ni durer sous aucune forme dans l’univers, et il sonde l’abîme avec une sagacité et une énergie dignes d’en découvrir le fond. […] En dépit du respect que je porte au philosophe, il me paraît que c’est absolument tout l’opposé, et que c’est du moteur qu’il faut conclure le mouvement, loin de conclure de l’existence du mouvement l’existence du moteur. […] La puissance de Dieu se manifeste donc au-dedans de nous bien plus vivement qu’au dehors ; et prouver l’existence de Dieu par cette loi que nous portons dans nos cœurs et que confesse notre raison, c’est en donner une des preuves les plus frappantes et les plus délicates. […] « Ainsi la science morale, dépassant cette existence terrestre, pénètre de l’homme d’où elle part jusqu’à Dieu ; et elle affirme la vie future avec les récompenses et les peines, aussi résolument qu’elle affirme la vie présente. […] L’âme n’a donc point d’existence propre ; elle est toute corporelle ; et Aristote, par un silence assez peu philosophique, en ce qu’il est peu courageux, ne dit pas un mot de l’immortalité de l’âme, que tend à nier toute sa doctrine unitaire et matérialiste.