Même ils chargent la pièce d’incidents qui n’ont aucun rapport avec l’action principale, — et cela, pour se rapprocher davantage de la réalité, « les drames de la vie réelle ne suspendant pas le cours ordinaire de l’existence, et leur développement étant entrecoupé de mille circonstances étrangères plus ou moins banales Par suite, nulle unité d’action. […] Notre conduite est « le résultat des sentiments de la société qui nous environne » (voilà, sauf erreur, ô Lisette, une phrase un peu bien lourde) ; et jeune encore, aimable et riche, nous travaillons moins à jouir de la vie qu’à nous étourdir sur notre propre existence. » Les autres personnages sont : « Cidalise, la prude » ; la « minaudière Ismène » ; un « baron philosophe, qui dit tout ce qu’il pense et se permet de tout penser », qui aime la campagne et qui doit lire Rousseau ; un poète ridicule qui vient lire une tragédie et n’en peut placer que le premier vers ; un petit abbé qui chante la romance en s’accompagnant sur la guitare ; un médecin pour dames, pirouettant et papillotant, galant avec ses belles clientes, qui ne leur administre que des remèdes élégants et légers, appropriés à leur délicatesse, qui les purge avec du « miel aérien » et leur fait prendre des calmants dans de la crème à la pistache ; enfin, le marquis-colonel, l’homme à la mode, celui qui brode et qui fait de la tapisserie, et que Lisette arrange comme il suit : « Tout charmant, tout extraordinaire que le marquis voudrait bien nous paraître, Lucile sait apprécier son mérite et s’aperçoit aussi bien que moi, tous les jours, que l’histoire de ses valets, le prix de ses chevaux, le dessin de sa voiture, quelques saillies, de la mauvaise foi, de l’impertinence et des dettes, voilà de cet homme merveilleux quels sont, en quatre mots, la conversation, les vertus et les vices. » Le petit acte de Poinsinet eut du succès en son temps (surtout parce que c’était une pièce « à clef » ), mais le mérite en fut assez vivement contesté. […] Lafont est un second mari, comme qui dirait un mari de cœur, du Mesnil étant un mari de raison. « J’ai rêvé, dit-elle d’une existence unique où mes devoirs seraient remplis sans que mon cœur fût sacrifié.