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714. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

, impossible à jouer, Charles de Rémusat — à ce qu’il paraît — le lisait parfois, de son vivant, aux personnes dévouées d’esprit et d’oreille à ses œuvres. […] … de Vitet, un autre comparse des petits grands hommes de son temps, qui était le temps de Charles de Rémusat, un autre de ces esprits distingués qu’on distingue en leur temps, mais que, leur temps passé, on n’aperçoit même plus. […] Tout cela nuisait et devait nuire à la justesse d’un esprit qui ne s’est jamais recommandé précisément par sa justesse. […] Mais il y a pourtant, entre Abélard et lui, cet intégral Charles de Rémusat, des ressemblances qui expliquent son admiration ; car les hommes, ces Narcisses, se mirent toujours un peu eux-mêmes dans les admirations qu’ils ont… En philosophie, Charles de Rémusat a des parentés très visibles avec Abélard, esprit au fond plus subtil que fort, qui n’allait point — comme les grands Décidés de l’Intelligence, lesquels en sont aussi les plus puissants, — à l’extrémité de toute doctrine, mais qui se plaçait entre deux… Oui ! le conceptualiste Abélard, qui voulait unir, dans une unité équivoque, le réalisme et le nominalisme de son temps, a plus d’un rapport évident avec un esprit fin, éclectique et de juste milieu, comme celui de Charles de Rémusat ; et s’il y a des différences qui rabougrissent Charles de Rémusat, ce sont des différences de tempérament (non d’intelligence) et de siècle.

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