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2153. (1902) L’humanisme. Figaro

Le vers libre lui-même, je le crois, est capable de vraies beautés, s’il sait à la fois, selon la remarque récente d’un des esprits les plus indépendants du symbolisme, « se symétriser et se styliser ». […] Évidemment, dans l’esprit de ces jeunes philosophes, c’est le contraire du déisme ; c’est l’homme substitué à Dieu dans la conduite de la vie ; c’est une religion nouvelle qui rapporte tout à l’humanité, abstraction faite de la divinité, et qui prétend, au moyen de commandements spéciaux, nous enseigner nos devoirs envers cette humanité souveraine. […] Vous figurez-vous donc que l’esprit humain, que la raison humaine soit libre de fuir, à sa fantaisie, cet immense désert où elle se promène douloureusement tous les jours, sans eau ni ombrage ; et dont il faut absolument tenir compte, puisque l’univers même en est la plus éclatante manifestation. […] L’administration des affaires humaines, quand on l’exerce de très haut et qu’on y apporte un esprit dégagé de toute routine égoïste, est apparemment une excellente préparation à la philosophie humaniste et à l’étude rationnelle des mœurs contemporaines. […] Certes, il a trop d’impartialité dans l’esprit et dans le cœur pour ne point rendre justice aux croyances dont il s’est librement détaché.

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