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1422. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Cependant, comme un nom accrédité dans la Littérature n’est que trop capable aujourd’hui d’en imposer à la multitude ; comme les Esprits foibles & légers se laissent aisément ébranler par le persiflage ; comme la plupart d’entre eux cessent d’admirer, dès que la mode le commande, ou que le ridicule les effraie : il est nécessaire de défendre la gloire d’un des premiers Poëtes de la Nation. […] Souvent une seule Fable réunit la naïveté de Marot, le badinage & l’esprit de Voiture, des traits de la plus haute Poésie, & plusieurs de ces Vers que la force du sens grave à jamais dans la mémoire. […] La Fable du Statuaire, celle du Chêne & du Roseau, celle du Paysan du Danube, & une infinité d’autres, ne sont-elles pas des créations d’un esprit qui sait s’élever, dès que son sujet exige de la noblesse, de la force, de l’enthousiasme ? […] Boileau ne pouvoit ignorer combien Moliere faisoit cas de notre Fabuliste ; & M. de Voltaire, si instruit dans les anecdotes littéraires, auroit dû se rappeler que ce Juge si éclairé de l’esprit & du cœur humain, avoit dit à ce même Boileau & à Racine : Messieurs, ne raillez point le bon homme, il ira plus loin que nous. […] On lit depuis long-temps sur les degrés du Trône d’où ils dispensent les réputations : Et la Prose & les Vers, tout nous sera soumis ; Nul n’aura de l’esprit, hors nous & nos amis.

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