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466. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Mais, de même que dans la nature, et pour peu que les circonstances les favorisent, les espèces ne sont pas incapables de quelque permanence et de quelque stabilité, de même les genres aussi se fixent, au moins pour un temps. […] 3° Enfin, et puisqu’il n’y a pas moins de trente ans aujourd’hui que le livre de l’Origine des Espèces a paru, ne faudra-t-il pas que nous examinions ce que la doctrine est devenue dans ce long intervalle de temps ? […] Et, dès à présent, si l’apparition de certaines espèces, en un point donné de l’espace et du temps, a pour effet de causer la disparition de certaines autres espèces ; ou encore, s’il est vrai que la lutte pour la vie ne soit jamais plus âpre qu’entre espèces voisines, les exemples ne s’offrent-ils pas en foule pour nous rappeler qu’il n’en est pas autrement dans l’histoire de la littérature et de l’art ? […] Mais je sais que la Monographie des éponges calcaires est de Hæckel, et je me rappelle que Darwin, tout en observant les récifs de corail, méditait son Origine des espèces. […] Je vais me hâter de définir cette espèce d’indifférence… Voltaire l’a très bien remarqué : « Un excellent critique serait un artiste qui aurait beaucoup de science et de goût, sans préjugés et sans envie : cela est difficile à trouver ».

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