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371. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Elle avait reçu dans l’esprit cette espèce de coup de tampon que donnent le ciel et la mer du Midi aux imaginations même vulgaires. […] C’était un gros tempérament comme elle était une grosse beauté… Avec l’exorbitance de son orgueil, et de sa chevelure aux longs tire-bouchons effarés autour de son visage, elle devait se faire à elle-même l’effet de quelque Mirabeau, femme et poëte ; — mais pour tout le monde elle resta toujours une plébéienne de son port, une espèce de poissonnière ou d’écaillère superbe, qu’on se représente les poings aux hanches, l’œil allumé, la bouche ouverte à l’invective ; vomitoire jaillissant dont le malheureux d’Arpentigny avait senti l’éclaboussure ! […] Mais la vivandière n’oubliait pas qu’elle était Corinne et elle alternait avec elle… L’historienne n’est pas tout dans l’Italie des Italiens, et dans cette espèce d’Italie, il n’y a pas que celle des Italiens de l’heure présente ; il y a l’Italie toute seule, la vieille Italie, l’Italie de Raphaël et de Michel-Ange, qui valait bien l’Italie piémontaise de Victor-Emmanuel.

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