/ 2348
1270. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Mais, même dans cette espèce d’absorption en Dieu, qui est le trait des contemplatifs, il veut que la raison surnage, et qu’on la sente jusque dans le sacrifice qu’elle fait d’elle-même ; il se tient en deçà des rêveries dont se repaissait l’imagination tendre et subtile de Fénelon. […] Sa bonne foi, les grâces de ses ouvrages, l’espèce de séduction que sa vertu, son exil, une opposition au moins secrète au gouvernement de Louis XIV, ont exercée sur la postérité, tout a concouru à jeter sur cette affaire une obscurité qui lui a tourné à faveur. […] Cherchant aussi le chimérique dans la vertu, il ne s’était pas contenté de la pureté laborieuse et militante des saints ; il voulait arriver à celle des parfaits, espèce de saints qui ont échappé à la lutte par l’inaction ; ou plutôt, et n’est-ce pas là le comble du chimérique ? […] Le chrétien conduit par un tel guide peut tenter impunément les expériences des parfaits ; le curieux qui cherche la philosophie morale sous la théologie reconnaît, dans les doctrines défendues par Bossuet, le cœur et l’esprit de l’homme mieux compris, et, dans l’art qu’il met à les défendre, la méthode éternellement la meilleure pour rechercher et exposer toute espèce de vérité. […] En discréditant la fausse subtilité dans les matières de théologie, Bossuet la fit suspecter dans toute espèce d’écrits, et il fortifia le penchant de l’esprit français à n’admettre et à n’estimer que ce qui est simple et vrai.

/ 2348