Il fait tout aussi bien de ne pas me consulter ; je suis plus embarrassée que lui, et je suis déterminée à suivre le conseil de notre bonne maman, c’est-à-dire d’aller tout droit devant mon chemin et de profiter de toutes les occasions de faire bien. » Ce que la reine disait là de son inaptitude aux affaires et de son peu de goût d’y entrer était très véritable. […] Après l’échauffourée de la convocation des Notables et cet échec de Calonne qui ne s’en montrait que plus entreprenant et présomptueux, la reine entra en lutte à son sujet, et, pleine de confiance en Brienne, elle l’imposa presque au roi qui l’estimait peu, et qui finit par l’accepter en disant à ceux qui le pressaient : « Vous le voulez, vous vous en repentirez peut-être. » Il dit le mot pour Brienne ; il le redira pour Necker seize mois après et presque dans les mêmes termes. […] On veut agir, mais non comme il le voudrait et selon la devise : Tout par la France et rien qu’avec la France ; non en faisant de la Révolution et de la restauration même du pouvoir royal une vaste querelle domestique, patriotique, sans intervention d’aucun voisin : au contraire, on ne cesse d’avoir son arrière-pensée, on fait toujours entrer l’étranger, sa menace du moins et sa pression, pour une part essentielle dans les projets d’avenir.