À cette même tranchée devant Mardyck, au moment où il fallait en déloger les ennemis, Bussy, qui est entré par un côté, se rencontre tête à tête avec le duc d’Enghien, qui montait de l’autre, faisant main basse sur tout ce qui se présentait à lui : Je ne songe point, dit-il, à l’état où je trouvai ce prince, qu’il ne me semble voir un de ces tableaux où le peintre a fait un effort d’imagination pour bien représenter un Mars dans la chaleur du combat. […] Bussy tient à honneur de nous faire entrer dans l’esprit de cette campagne, l’une des plus glorieuses pour Turenne, quoiqu’il y en ait eu de bien plus brillantes : Il ne tiendrait qu’à moi de ne rien dire de cette action, écrit-il au sujet d’une des affaires de cette campagne ; et peut-être que les flatteurs du maréchal ne l’ont pas sue ou n’ont pas été assez habiles pour la remarquer ; mais ni l’amitié ni la haine ne me feront jamais manquer à ce que je dois à la vérité. […] On comprendra pourtant qu’on les ait pu faire, si on veut bien entrer dans les aperçus de style que nous indiquons. […] Dans cette indiscrétion si coupable qui avait causé sa ruine, il entrait beaucoup de cette sollicitude paternelle de l’homme de lettres qui ne veut rien laisser perdre de ce qu’il a une fois écrit, et qui entend bien en retirer louange, même au prix de quelque estime.