Les Français entrèrent à Florence et dévastèrent les magnifiques monuments de Laurent. […] Benvenuto Cellini raconte qu’étant entré un jour au palais en montrant son portrait gravé au duc, il le trouva indisposé et couché sur le même lit que son cousin, et qu’ayant demandé à Lorenzino s’il ne consentirait pas à lui donner le sujet d’un revers de sa médaille, celui-ci lui avait répondu avec enjouement « qu’il fût tranquille et qu’en ce moment même il pensait à lui en fournir un digne de la gloire d’Alexandre, et qui étonnerait le monde. » Alexandre se tourna avec un sourire de pitié dédaigneuse sur son lit et se rendormit. […] XIII La nuit, à l’heure convenue, Alexandre, ayant couvert d’un masque son visage, suivit Lorenzino et entra furtivement dans sa maison, en apparence déserte. […] Alors il nous jeta quelques paroles toujours remplies, selon sa coutume, d’urbanité, d’affection et d’amitié ; il plaisantait même avec nous, et, en nous regardant tous deux : « J’aurais bien voulu, nous dit-il, que la mort eût différé son arrivée jusqu’au jour où j’aurais entièrement complété votre bibliothèque ; il ne s’en fallait pas de beaucoup. » À peine Pic s’était éloigné, que Jérôme de Ferrare, homme remarquable et par son savoir et par sa sainteté, prédicateur distingué de la science céleste, entra dans la chambre à coucher et l’exhorta à bien garder sa foi : « Oui, et inébranlable, répondit-il avec assurance » ; de prendre la résolution de vivre le plus irréprochablement possible : « Sans aucun doute, répondit-il encore avec fermeté » ; qu’enfin, s’il le fallait, il supportât la mort avec calme : « Rien ne m’est plus agréable que de mourir, si Dieu le veut. » Après cela, Jérôme se retirait, lorsque Laurent : « Hé !