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2154. (1893) Alfred de Musset

« Ce n’était pas seulement une mode, comme on pourrait le croire ; c’était une sorte de défaillance générale qui rendait le cœur triste, assombrissait la pensée et faisait entrevoir la mort comme une délivrance. » Le collégien « bien malheureux » de la lettre à Paul Foucher allait donc entrer dans le monde l’âme empoisonnée de germes de dégoût. […] « Je suis un brave cueilleur de fleurs, qui souhaite le bonjour à vos beaux yeux. » George Sand fait allusion à ce passage dans une des lettres brûlantes adressées à Musset pendant une brouille, et dont nous avons déjà cité quelques fragments : Voici ce commentaire inédit, écrit en rentrant des Italiens, où elle était allée seule, habillée en homme : « Samedi, minuit (fin de 1834)… Me voilà en bousingot, seule, désolée d’entrer au milieu de ces hommes noirs. […] Ce qu’elle gagna à Dieu, personne ne l’a jamais su, mais il est certain que la paix entrait dans la chambre avec sœur Marceline pour en repartir, hélas ! […] Nous qui sommes d’une pâte moins fine et moins sensible, et qui ne pouvons peut-être pas entrer dans les souffrances mystérieuses du génie, dans « ses luttes avec ses anges », nous ne devons pas oublier qu’en un certain sens, mais très réellement, ces hommes-là souffrent pour nous ; qu’ils résument en eux nos aspirations inconscientes, qu’ils mettent devant nos yeux le spectacle de combats plus rudes que les nôtres, et que ce sont vraiment les confesseurs de l’humanité.

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