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452. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

« Dès son entrée dans l’Assemblée nationale, il la remplit ; il y est lui seul le peuple entier. […] Il adorait la Révolution comme une philosophie sublime qui devait ennoblir la nation tout entière sans faire d’autres victimes que les préjugés et les tyrannies. […] Mais, comme la vie tout entière d’un homme le résume à toutes les dates de sa vie dans la qualification qu’un historien lui donne, ma plume a été étourdie, sinon coupable, en donnant alors à Robespierre une qualification à double interprétation, capable de fausser l’esprit de la jeunesse sur ce Marius civil, sur ce proscripteur-bourreau de la Révolution. […] La nation eut tort de ne pas retirer à elle le pouvoir tout entier, puisqu’elle en rejetait la responsabilité sur un fantôme de roi… Le roi et sa famille n’auraient pas péri, la nation n’aurait eu à accuser qu’elle-même de ses convulsions, la république constitutionnelle se serait établie sans 10 août, sans massacres de septembre, sans 21 janvier, sans terreur ; ou bien la France, convaincue de l’impuissance de la république, aurait rappelé à un trône conservé intact Louis XVI et sa malheureuse famille, à la charge de maintenir les lois civiles sagement réformées en 1789. […] Quel autre bras que celui du peuple tout entier pourrait remuer ce qu’il a à remuer ?

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