Après le départ de l’Empereur, ses lieutenants de l’armée d’Espagne s’entendent mal entre eux ou ne se concertent qu’imparfaitement. […] L’empereur Alexandre, dont la générosité égale, dit-on, l’amabilité, manquant d’ailleurs d’officiers qui entendent bien la grande guerre, est le seul que je puisse servir dignement. […] il y a plus d’une manière de l’entendre ; mais ici, au sens de Jomini, le feu sacré, c’est la science et l’amour du bel art : montrer ce qu’on peut et ce qu’on vaut par une application des principes de la grande guerre. […] Je demande pardon de tant insister, mais la vie, la carrière du général Jomini, de « cette perle des officiers d’état-major », comme je l’entends appeler par un bon juge, est restée pour beaucoup une énigme et un problème. […] Le lendemain nous fûmes assez tranquilles, et n’entendîmes que les coups de fusil qu’on tirait par intervalle aux Cosaques ; accoutumés à voir ceux-ci s’avancer et fuir aussitôt qu’ils apercevaient des soldats armés, leur présence ne nous donnait plus d’inquiétudes : ainsi, ou goûtait dans le calme le plus parfait les douceurs d’un jour de repos ; et quelques provisions que le général Jomini avait réservées pour le passage de l’armée nous furent d’autant plus agréables, que depuis Smolensk nous n’avions reçu aucune distribution… »