Mais Gandar, en définissant le sien, montrait à quelles conditions élevées il mettait désormais le mérite de l’humaniste, et comment il entendait le renouvellement du goût et du sentiment littéraires. […] Ses jugements sont d’un amateur exercé qui a déjà beaucoup vu et qui s’y entend. […] Chaque année, les amis qui venaient l’entendre en Sorbonne remarquaient en lui un progrès dont ils étaient frappés : il gagnait à mesure en simplicité, en lumière, en fermeté ; ce qu’il y avait d’oratoire dans sa nature se déployait là, en s’épurant ; sa piété vive et studieuse pour ses modèles, pour Bossuet surtout, l’a plus d’une fois bien inspiré. […] Mes amis m’assurent que c’est le meilleur qu’ils m’aient entendu faire, et je le crois, mon cher Émile, tant j’ai besoin de les croire. » Il était dès lors en proie à de grandes lassitudes, à des anxiétés qu’il qualifiait de nerveuses, mais qui tenaient au fond à un mal organique. […] Un jour qu’il avait convié un de ses amis, professeur distingué de littérature, à venir l’entendre, il lui dit, la leçon faite, en descendant de sa chaire et en se frottant les mains : « Et voilà, mon cher ami, comment je m’en tire sans me fouler la rate et en allant mon petit bonhomme de chemin. » Cette méthode peut être bonne, appliquée à l’archéologie ; mais celui-là ne sera jamais éloquent dans une chaire littéraire qui n’aura pas connu ce que vient de nous offrir Gandar, l’agonie des premières leçons, la fièvre et l’émotion de toutes.