Tous les mérites en effet, tous les caractères distinctifs de ce beau talent, il les a reconnus, et on pourrait même lui emprunter des phrases pour les définir ; mais il ne se comporte pas avec lui comme avec les autres grands poètes qu’il a rencontrés jusque-là, il ne se complaît pas à le replacer dans son milieu ; il le déprime plutôt dans l’ensemble, il le réduit, et quand il est forcé de lui reconnaître une qualité, il ne la met pas dans son plus beau jour. […] — Picard, l’aimable auteur comique, à l’article de la mort, visité à Tivoli où il était par un spirituel docteur de ses amis, et celui-ci lui disant pour lui faire illusion : « Allons, vous vous en tirerez ; nous mangerons encore ensemble des côtelettes d’agneau aux pointes d’asperges », Picard répondit ces deux mots à peine articulés : « Deux primeurs ! […] Je ne m’étonne pas plus qu’il ne le faut de ce résultat auquel ont concouru d’illustres confrères de tous les bords, les uns éclectiques, les autres voltairiens, d’autres gallicans, plusieurs enfin purement catholiques, lesquels réunis tous ensemble et coalisés, la plupart déclarant qu’ils n’avaient pas lu l’ouvrage, se sont crus pourtant autorisés et obligés à le repousser en conscience sur le simple exposé des objections.