Lisons ensemble ce simple et magnifique prologue des Soirées ; c’est le premier morceau de plume que l’écrivain me lut à moi-même, pour consulter mon goût inexpérimenté, sous les platanes de Chambéry. […] Vingt ou trente automates agissant ensemble produisent une pensée étrangère à chacun d’eux. […] Songez que les pyramides d’Égypte, rigoureusement orientées, précèdent toutes les époques certaines de l’histoire ; que les arts sont des frères qui ne peuvent vivre et briller qu’ensemble ; que la nation qui a pu créer des couleurs capables de résister à l’action libre de l’air pendant trente siècles, soulever à une hauteur de six cents pieds des masses qui braveraient toute notre mécanique, sculpter sur le granit des oiseaux dont un voyageur moderne a pu reconnaître toutes les espèces ; que cette nation, dis-je, était nécessairement tout aussi éminente dans les autres arts, et savait même nécessairement une foule de choses que nous ne savons pas.