Deux navires danois, c’est-à-dire neutres, qui transportaient des troupes à la solde de l’Angleterre, échouent sur les côtes de Calais ; sur neuf cents hommes d’équipage, les deux tiers périssent à la vue de la population accourue et sans qu’on puisse leur porter secours ; parmi ceux qui se sauvent à la nage et qu’on recueille, on reconnaît des Français émigrés, le duc de Choiseul était du nombre : on les traduit devant une commission militaire ; les naufragés deviennent à l’instant des ennemis. […] Les naufragés de Calais ne furent point traités en ennemis déclarés, ni en étrangers innocents : le Directoire les retint en prison ; ils ne furent mis en liberté qu’à l’avènement du gouvernement consulaire. […] Quand de simples particuliers discutent de bonne foi un objet de législation, quand ils ne se proposent que d’offrir le tribut de leurs connaissances et de leurs lumières à la patrie, il faut voir en eux des auxiliaires et non des ennemis.