J’ai vu, un quart d’heure après les batailles gagnées, les ennemis tellement parmi nous qu’on ne les pouvait plus reconnaître. […] Ces caresses se faisaient souvent à de petits mestres de camp de guerres civiles, qui n’eussent jamais en leur vie osé parler au roi s’ils n’eussent été ses ennemis, et en cette qualité-là ils en recevaient un bon visage. Dans ce joli pêle-mêle qui nous est si bien montré, dans cette confusion familière d’amis et d’ennemis autour de Henri IV un soir de bataille, la bonté se voit d’elle-même ; la politique aussi y trouvait son compte. […] On ne se plaignait point des impositions excessives ; chacun payait sa taxe avec gaieté, et je n’ai point de mémoire d’avoir ouï dire qu’alors un passage de gens de guerre eût pillé une paroisse, bien loin d’avoir désolé des provinces entières, comme il ne s’est vu que trop souvent depuis, par la violence des ennemis.