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10. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Cadoret »

Pour l’abbé Cadoret, César, c’est le nom donné par Jésus-Christ et par l’Église au pouvoir temporel, sous cette grande forme monarchique qui lui est propre, toute autre forme politique n’étant jamais qu’une dégradation ou un affaiblissement du pouvoir ; et c’est ce pouvoir temporel, dans sa généralité la plus haute et quels que soient ses instruments ou ses manifestations sur la terre, que Cadoret s’est donné la mission de défendre contre ses plus dangereux ennemis. […] Ennemis du pouvoir, sans nul doute, et ennemis comme il n’en exista jamais peut-être, puisqu’ils prétendent le supprimer comme une inutilité ou une imperfection sociale, leur hostilité est si grande qu’elle nous révolte, et que, pour la comprendre, il faut déjà la partager. […] Sinon sans trahison, mais qui introduiraient l’ennemi au cœur de la place autant que s’ils étaient des traîtres, ces métis de la Philosophie et du Christianisme ne sont pas d’hier dans l’histoire. En 93, ils parlaient par la bouche de Camille Desmoulins du sans-culottisme de Jésus-Christ, et depuis ce temps-là ils ont continué de nous donner le Sauveur des hommes pour l’ennemi de ce pouvoir temporel qu’il est venu, au contraire, affermir en le purifiant. […] L’abbé Cadoret a bien compris ce que nous disions plus haut des ennemis du pouvoir : c’est que les plus dangereux sont ceux-là qui se réclament contre lui de l’autorité des idées religieuses, et il n’a pas voulu lui laisser de tels adversaires.

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