Ils vous répondront d’abord qu’ils ne connaissent pas cette particularité de l’histoire d’Andromaque ; ensuite qu’une mère, Andromaque ou toute autre, n’en peut trop dire pour sauver son enfant et que Racine ne lui fait dire que ce qu’il a lu lui-même dans le cœur maternel. […] Racine y a bien songé, dans le fameux discours de Mithridate à ses enfants ; mais plus le vieux roi est grand en parlant de ses défaites et de ses invincibles espérances, plus il s’abaisse par sa jalousie de vieillard amoureux et par les stratagèmes dont il use pour s’assurer s’il est trompé. […] Dans ce songe, elle s’est vue poignardée par un enfant ; au temple, elle reconnaît cet enfant dans Joas. […] Les personnages secondaires autour d’Athalie et de Joad sont engagés dans l’événement par des causes proportionnées à leurs rôles : Mathan, par sa jalousie contre Joad et la mauvaise conscience d’un apostat ; Abner, par sa muette fidélité au sang de ses rois, à laquelle se mêle l’esprit d’obéissance militaire aux puissances établies ; Josabeth, par une tendresse mêlée de crainte, qui lui fait préférer pour son enfant adoptif la sécurité à la gloire ; Zacharie, son fils, par l’âge, qui le rapproche de Joas, et par la communauté de leurs pieux amusements dans le saint lieu ; Salomith, cette charmante sœur de Zacharie, par les soins qu’elle a donnés, de moitié avec sa mère, au mystérieux enfant, qu’elle aime sans le connaître. […] Le chœur chante la fermeté de l’enfant, l’iniquité d’Athalie, les profanations des sectateurs de Baal, le réveil qui doit interrompre leur songe passager.