D’après son caractère contradictoire, le régime métaphysique ou ontologique est toujours placé dans cette inévitable alternative de tendre à une vaine restauration de l’état théologique pour satisfaire aux conditions d’ordre, ou de pousser à une situation purement négative afin d’échapper à l’empire oppressif de la théologie. […] Longtemps habitué à une sorte d’unité de doctrine, quelque vague et illusoire qu’elle dût être, sous l’empire des fictions théologiques et des entités métaphysiques, l’esprit humain, en passant à l’état positif, a d’abord tenté de réduire tous les divers ordres de phénomènes à une seule loi commune. […] Quoique les conceptions théologiques aient été, même sous cet aspect, longtemps nécessaires afin d’éveiller et de soutenir l’ardeur de l’homme par l’espoir indirect d’une sorte d’empire illimité, c’est pourtant à cet égard que l’esprit humain a dû témoigner d’abord sa prédilection finale pour les connaissances réelles. […] Ainsi à mesure que les lois physiques ont été connues, l’empire des volontés surnaturelles s’est trouvé de plus en plus restreint, étant toujours consacré surtout aux phénomènes dont les lois restaient ignorées. […] D’après l’ensemble des indications précédentes, la supériorité spontanée de la nouvelle philosophie sur chacune de celles qui se disputent aujourd’hui l’empire se trouve maintenant aussi caractérisée sous l’aspect social qu’elle l’était déjà du point de vue mental, autant du moins que le comporte ce Discours, et sauf le recours indispensable à l’ouvrage cité.