Le patriotisme de son adolescence ne l’abandonna jamais ; mais ses sentiments ne se tournaient qu’avec réserve vers l’homme de génie qui touchait déjà à l’empire. […] Mainte fois regardant passer dans la rue Desaugiers qu’il connaissait de vue sans être connu de lui, il avait murmuré tout bas : « Va, j’en ferais aussi bien que toi, des chansons, si je voulais, n’étaient mes poëmes. » Lorsqu’il eut fait pourtant les Gueux, les Infidélités de Lisette, ces petits chefs-d’œuvre de rhythme et de verve qui datent des dernières années de l’Empire, les poëmes durent perdre de leur sel pour lui et les refrains redoubler de piquant et d’attrait. […] De foudre alors et de fer couronné, L’Empire, lui, toujours avait tonné : Sans air joyeux, sans chanson applaudie. […] Sa chanson, en effet, à laquelle un mot de Benjamin Constant avait conféré le diplôme d’Ode, était sans doute accueillie avec complaisance et distinction par la littérature de l’Empire ; mais elle n’était pas avec elle sur le pied d’égalité entière et native.