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221. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Madame Gay, liée d’antécédents et d’opinion avec les royalistes, conduisit sa fille dans les salons de cour de madame la duchesse de Duras et de quelques autres femmes supérieures du temps ; les salons, longtemps fermés ou muets sous l’Empire, se vengeaient de leur silence par un culte passionné pour les talents qui promettaient un nouveau siècle de Louis XIV aux Bourbons. […] Qu’un autre te voie, enfant de l’harmonie, Trouvant que sur les cœurs un empire est trop peu, Lancer d’un seul regard l’amour et le génie,             La lumière et le feu ! […] Il s’agissait de contrebalancer par un empire de femme, exercé sur le cœur de l’héritier de la couronne, l’empire occulte exercé par une autre femme sur le cœur du roi. […] Ce torrent qu’à ses pieds l’Apennin voit descendre, Et que Rome adora dans ses temps fabuleux,        Semble, dans son cours orgueilleux, Des empires détruits rouler toujours la cendre. […] J’admirai ce hasard qui réunissait ainsi, dans un espace de quatre pas carrés, quatre âmes de nature diverse presque inconnues les unes aux autres, mais dont chacune avait un empire au dehors sur une région de l’intelligence humaine.

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