Rien n’empêche d’admettre que cette matrice universelle n’ait eu à l’une des phases de son existence le pouvoir d’élaborer la vie. […] Dans l’hypothèse où tous les êtres seraient sortis d’un germe unique, il n’est pas douteux que, jusqu’à ce que ce type primitif se fût multiplié de manière à peupler tout le globe, il n’y aurait point eu de variations accumulées dans une direction définie, la concurrence vitale, et la sélection qui s’ensuit, n’existant pas ; mais aussi il n’y aurait eu ni sélection naturelle ni hérédité pour empêcher toutes les déviations possibles du type primitif, de sorte que les variétés eussent pu se produire et se multiplier sans empêchement Si, au contraire, les germes primitifs ont été produits en nombre immense à la surface du globe, ces êtres très simples, très semblables entre eux et probablement doués d’une grande puissance de reproduction comme tous les êtres inférieurs, durent se faire une concurrence assez vive dès le principe ; et, comme on l’a déjà vu autre part, la variabilité n’ayant pas à lutter contre les tendances héréditaires, si puissantes de nos jours, de nombreuses variétés durent se former en divergeant rapidement de caractères, de manière à s’adapter à toutes les conditions de vie alors possibles ; de sorte que, dès l’époque silurienne, tous les principaux types de l’organisation étaient déjà produits et fixés.