Je sens que je serais fort empêché, à l’heure qu’il est, de raconter avec fidélité les choses de mon enfance et de ma jeunesse et les faits même où j’ai été le plus directement et le plus douloureusement intéressé. […] Lamartine complète et ferme une ère ce qui ne l’empêche point, nous le verrons, d’en ouvrir une autre. […] On se dit avec étonnement qu’elle devait être bien puissante, pour se maintenir si religieuse dans une philosophie d’ordinaire si dépouillée. » C’est avec l’abondante splendeur de l’imagination cette ardeur du sentiment religieux qui sauve de la sécheresse et de la banalité les discours déistes de Lamartine, et qui les empêche d’être des dissertations. […] Et d’où viendrait cette abondance inépuisable qu’on ne peut s’empêcher de remarquer dans le nombre de ses ouvrages, dans l’étendue de ses périodes, dans ses strophes immenses, dans ses rimes multipliées, d’où viendrait une si remarquable richesse, si elle n’était pas un épanchement de la force ? […] Et je ne prétends point sans doute que cela l’empêchera plus tard d’être repris par le charme ouaté d’une foi imprécise et d’adorer de nouveau dans le Christ, aux heures d’attendrissement, une divinité métaphorique et mal définie.