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49. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

Cet antagonisme engendre un défaut de convergence dans l’effort commun, et ce dommage, ainsi que chez l’individu, se traduit, tantôt par des effets superficiels et comiques, tantôt par des conséquences plus graves, déterminant un rendement moindre de l’activité générale, une dépréciation de l’énergie collective, une production moins parfaite, une impuissance et jusqu’à une complète désagrégation. […] Il semble que grâce à la découverte d’un trésor accumulé par l’effort des meilleurs hommes de l’Humanité, la tâche des hommes du moyen âge, en mal d’enfanter eux-mêmes Une civilisation, ait été soudainement allégée. […] Par son entremise, deux forces ont été mises bout à bout et additionnées, une économie d’efforts a été réalisée ; grâce aux issues qui lui furent ouvertes l’énergie intellectuelle d’une époque, rassemblée jusque-là sur elle-même, put se dépenser en des réalisations immédiates, alors qu’elle eût dû peut-être s’exténuer longtemps encore eu recherches et en inventions de procédés et de moyens. […] Une bonne part de l’invention romanesque dont la littérature italienne de la Renaissance a tiré profit est l’œuvre des conteurs français du moyen âge, et le thème des épopées, commun au pays de race franque, germanique et normande, s’est développé dans l’Ile de France, où se résume à cette époque, du ixe au xiie  siècle, l’effort original d’une mentalité humaine qui ne doit encore que peu de chose à la culture antique.

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