Il est naturel et il paraît juste qu’au moment même où l’unité de la France s’accomplit et se consomme en tous sens par l’immense réseau des communications et par une facilité, pour chacun, d’un déplacement à la minute, et presque d’une omniprésence universelle, il y ait un sentiment de résistance sur quelques points, un reploiement sur soi et un suprême effort de quelques fidèles pour sauver les vieilles mœurs ou du moins les vieilles chansons, pour les préserver et les clôturer, s’il est possible, pour leur assurer même, comme par défi, et grâce à un stimulant nouveau, une sorte de regain et de renaissance. […] Amarante, fleur éclatante Comme un panache de guerrier, Rivale, en ta rougeur constante, Du vert feuillage du laurier ; Toi dont le velours magnifique, Toi dont la pourpre honorifique Proclame aux yeux la royauté, Ô fleur de mémoire durable, Signe de gloire inaltérable, Symbole d’immortalité, Tout sentiment vrai qui défie L’effort du malheur ou des ans, Dans ta fleur se personnifie, Pour échapper aux jours présents : Pour parer leur pieuse enceinte, L’amour pur et l’amitié sainte Disent par toi : — Fidélité ! […] Il m’a fallu plus d’effort et de courage qu’on n’imagine pour maintenir le cercle artificiel dans lequel je m’étais proposé de me renfermer cette fois, et pour écarter dans ces dernières semaines les survenants, accourus de toutes parts, qui me disaient : « Est-ce mon tour ?